Translated by Monica Emond, PhD Candidate, University of Ottawa, Canada
Un appel à travailler
ensemble pour l'implantation de la
« Loi de
Tchernobyl » au Japon
Par Masami Ueno
(Directeur de
l'association Fukushima-Iseshima)
L'association a but non lucratif Fukushima-Iseshima
est située dans la préfecture japonaise de Mie. Nous avons aidé à l'installation
des évacués, volontaires ou forcés, de Fukushima dans la préfecture de Mie et
offert depuis mars 2011 des programmes de récupération, à Mie, aux enfants de
Fukushima. Nous fournissons également des légumes frais aux familles de
Fukushima.
C'est par le biais de dons et de
subventions généreuses que nous avons pu mettre en oeuvre ces activités. Après
six ans, nous réalisons cependant qu'une organisation comme la nôtre possède
des capacités limitées. Nos activités demeurent par ailleurs nécessaires car la
radiation provoquée par la catastrophe nucléaire de Fukushima affecte encore
aujourd'hui le quotidien des personnes touchées. La question qui se pose alors
est comment composer avec les effets d'un désastre d'une envergure sans
précédent. En toute honnêteté, nous nous trouvons aujourd'hui perdus. Il y a
néanmoins deux précédents que nous devrions suivre.
Le premier est la promulgation de la
Loi de Tchernobyl établie par l'ancienne Union Soviétique. Elle visait la
protection de la vie et de la santé des personnes affectées par la catastrophe
nucléaire de Tchernobyl en 1986. La Loi de Tchernobyl est également la première
loi au monde à mettre en avant le droit humain universel à la protection de la
vie des personnes touchées par le désastre de la radiation. Nous croyons que le
Japon doit adopter une loi équivalente à la Loi de Tchernobyl.
Le second précédent porte sur
l'établissement de la Loi sur la liberté de l'information adoptée par le Japon
en 1999. Cette loi fut la résultante de l'effort concerté des citoyens à
travers tout le territoire japonais. Ceux-ci réclamaient la mise en application
de cette Loi auprès de leurs instances locales de gouvernement ainsi qu'auprès
des membres des conseils municipaux. C'est ce mouvement citoyen qui a mené à
l'adoption ultérieure de cette Loi au niveau national.
Nous aimerions travailler avec vous
à l'adoption d'une Loi de Tchernobyl au Japon afin de protéger notre vie et
notre santé contre les dangers de la radiation.
Nous vous enjoignons à prendre un
moment pour lire ce qui suit et nous espérons que vous supporterez notre idée
et vous joindrez à nous afin d'établir une Loi de Tchernobyl pour le Japon.
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Cinq ans après le désastre nucléaire
de Tchernobyl, l'ancienne Union Soviétique a adopté ce que l'on appelle la Loi
de Tchernobyl, une initiative emboîtée par les gouvernements de l'Ukraine, de
la Russie et du Belarus après le démantèlement de l'URSS. Tout ces gouvernements
ont garantie le droit à l'évacuation et la sécurité sociale aux résidants
vivant dans des régions contaminées par la radiation. Or, ne jouissant pas forcément
d'une situation économique favorable, ces trois pays ne sont pas en mesure de
remplir les conditions de prestations prévues par la Loi. Cela n'empêche pas
cependant de reconnaître la portée historique de la Loi de Tchernobyl qui
attribue la responsabilité première des désastres nucléaires aux gouvernements
et qui établie le droit inconditionnel à l'évacuation des personnes résidant
dans des régions où l'exposition à la radiation dépasse 1 mSv par année.
Après l'accident nucléaire de
Fukushima, le gouvernement japonais a pour sa part haussé la norme concernant
la dose limite d'exposition à la radiation de 1 mSv à 20 mSv par année, une
norme qu'il maintient toujours en vigueur. Il semble que cette norme de
sécurité fait office de critère ayant guidé le gouvernement dans sa décision
récente de lever l'ordre d'évacuation.
Plus encore, le Comité d'enquête sur
la gestion de la santé à Fukushima a écarté la possibilité de l'existence d'une
causalité entre l'augmentation des cas de cancers de la thyroïde chez les
enfants de Fukushima et la radiation et n'a pris aucune mesure sérieuse
concernant les problèmes sanitaires des habitants de Fukushima.
La politique japonaise de gestion
des risques associés à la radiation diffère considérablement des trois États de
l'ex-URSS qui ont fixé la dose limite d'exposition du public à la radiation à 1
mSv par année et garantissent la sécurité sociale aux personnes ayant été
diagnostiquées comme victimes potentielles des conséquences radiologiques de
l'accident nucléaire de Tchernobyl.
Immédiatement après cet accident, le
gouvernement de l'ex-Union Soviétique a haussé la norme relative à l'exposition
du public à la radiation de 1 mSv à 100 mSv par année. Dans la période
précédent l'adoption de la Loi de Tchernobyl, certains experts ont même insisté
pour faire valoir le caractère « sécuritaire » de la norme de 100 mSv
par année. Or, à la suite de l'opposition virulente des travailleurs de la
centrale nucléaire qui ont eut à faire face à la catastrophe, celle-ci fut ramenée
à 1 mSv par année, ce qui correspond à la norme internationale.
Nous aussi, les citoyens du Japon,
avons vécu une catastrophe nucléaire nous rappelant la dignité de la vie.
Il nous faut dès à présent prendre
la parole et agir afin d'établir une Loi de Tchernobyl pour le Japon.
Mai 2017
Prière de nous contacter si vous
désirez travailler à nos côtés à l'élaboration d'un plan et la formulation de
procédures afin d'appliquer la loi au niveau municipal. Vous trouverez les
contacts pour nous rejoindre ci-dessous:
Email: ueno_masami_1108@yahoo.co.jp(Masami Ueno)
noam@m6.dion.ne.jp(Toshio Yanagihara)
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